Thierry CHURIN - Le château d'Alençon vers 1440
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                             la tour 11 et le pont vers le parc
 

vue 33

fig 2 : plan de 1746
La tour d'artillerie 11 a été construite peu après la tour couronnée, en renforçant le rempart existant, à proximité d'un pont qu'il fallait protéger.

fig 17 - La tour 11 est au centre. La forme en U, à 
droite, est la première pile du pont.

fig. 7 - La tour rayée horizontalement de chaînages de granit correpond à l'angle le plus à gauche de la fig 17 ci-dessus. 
Le gros de la tour 11 apparaît dans l'ombre. Deux de ses meurtrières superposées sont visibles (des chaînages de ce type se retrouvent entre la tour couronnée et le châtelet)



vue 46

Tour quadrangulaire à casemate de tir 
(I. Chave 1998, p. 118-119)
Cette tour, destinée au tir des armes à feu, ménageait une grande casemate de tir. 
Le mur qui fermait l’édifice vers la haute cour, attesté sur le plan de Le Queu (1746), assurait un passage latéral aux bouches à feu et aux tireurs, tout en empêchant la propagation des fumées vers les espaces résidentiels. 
La tour était conçue pour un double usage : 
- au niveau supérieur de la double rangée de percement, deux canonnières placées de front et une en retour, à l’orifice circulaire surmonté d’une fente, permettaient le tir des armes portables du type arquebuse. 
- Au niveau bas, répondaient le même nombre d’orifices carrés qui pouvaient accueillir le canon d’armes fixes. 
Il est probable que que le mur sud-est de la chambre de tir, non visible ici, comportait lui aussi deux orifices superposés. 
Une tourelle latérale offrait au nord-ouest une direction supplémentaire de tir, par une canonnière à fente au niveau supérieur. 
Le degré de précision du relevé de Roussier ne permet pas de déterminer si les trois canonnières inférieures de la tour étaient ou non « à la française » - l’orifice de tir en retrait par rapport au nu du mur —, apparues à la fin du XV ème S. seulement. Mais le plan rectangulaire de la tour, l’absence de maçonneries extérieures épaisses et la disposition très simple des armes à feu en batterie dans une casemate commune font penser davantage à un édifice de construction précoce, dont l’utilisation serait liée au contexte de l’occupation anglaise, dans la première moitié du XV ème S., plutôt qu’à une piètre copie des puissantes tours à canon bourguignonnes et bretonnes du dernier tiers du Xvème S.

Pont du boullevert du parc

 
Le plan de Le Queu évoque trois piles maçonnées d’un pont dormant, au pied de la courtine ouest. Les vestiges de la première pile sont encore données par un plan-masse de De Cessart en 1776, avec la même implantation (fig 17 - A.D. Orne, C 238). 
Il garantissait notamment l’accès rapide au parc, depuis les espaces résidentiels, sans détour par la basse-cour et franchissait la lice déterminée par les deux enceintes.
Il existe déjà en 1438 (texte ci-contre à droite). 
Une palissade (paliz) protégeait la porte du boulevard (I. Chave, 1998, p. 118). 
Je la suppose à l’extérieur, dans le parc, sans en connaître la forme exacte.

Vous pouvez voir la fondation d'une des piles, sous la forme d'une rangée de pierres dans la vase, en vous penchant du parapet de l'actuel pont (du côté tour couronnée). 
La rangée de cailloux, longue de 3 m, indique
que l'ancien pont, long de 28 m, obliquait vers les services techniques.


fig. 16
La tour 11 est à droite, le pont
n'est pas représenté
 

Citation la plus ancienne du pont vers le parc (1438)


 
Item ont […] planché […] unes galeries par lesquelles on va d’une des chambres dud. Chastel joignant a lad. Maison de la garde robbe, a unes chambres aisiés estans ou derriere d’icelle chambre, et par lesquelles galleries hom monte par ung degré sur le hourdeys du mur du chastel qui est en droit le pont du boullevert du parc (A.D. Orne, A 409. 1438, 21 juin).
Le barrage n'est jamais cité mais il est représenté sur la fig. 2, avec une vanne. Il devait permettre de maintenir un niveau d'eau derrière la mairie.
Je choisis de mettre son sommet à NGF 132,75 m, soit 5 cm sous le sol observé en 1990, entre les deux remparts.
Hypothèses de restitution
Cette tour étant sensiblement contemporaine du pavillon d'entrée, je lui fais des machicoulis sur console et une terrasse sans toiture. Mais rien ne prouve qu'il n'y ait pas eu une couverture en tuile ou ardoise. 
Pour la disposition des canonnières, je reproduis la fig 16.
La porte avait peut-être un pont levis et une herse, mais comme elle n'est jamais représentée, je ne me risque pas à les reconstituer. 

 

voir l'animation vidéo autour 
de la tour 11 et du pont


 
 

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