Thierry CHURIN - Le château d'Alençon vers 1440
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Hourds et mâchicoulis sur console



vue 21- hourds le long du logis
 
Avant le XII ème siècle les châteaux étaient souvent intégralement en bois. Puis la pierre a progressivement remplacé le bois. Mais les défenses du sommet des murs et des tours, appelées hourds, sont longtemps restées en bois. Leur débordement au dessus du vide permettait aux défenseurs de surplomber les ennemis et de pouvoir les cribler de flèches et de cailloux sans subir d'angles morts lors des tirs. 

En période de paix, les hourds pouvaient être retirés. Si la guerre durait trop longtemps, les planches et les poutres subissaient l'humidité normande, nécessitant de coûteuses réparations. C'est pourquoi, vers 1400, les hourds en bois ont été progressivement remplacés par des machicoulis sur consoles en granit, du type de ceux qui ornent encore le châtelet d'entrée et la tour Couronnée.

Difficile de dire où en étaient ces travaux quand les Anglais ont pris la forteresse en 1417. Toujours est-il qu'ils semblent s'être contentés d'entretenir les hourds en bois existants.  
Vers 1440, toutes les tours devaient être en défense, avec des tas de pierres sur le sommet des murs et sur les planchers, prêtes à être déversées sur les assaillants, leur tombant directement dessus ou les atteignant assez loin après avoir ricoché sur les talus de la base des mur. 
Les lancers d'huîle bouillante sont une légende, mais tous les projectiles de faible valeur sont envisageables : chaux vive en poudre, excréments, rondins de bois... 
Le fond du fossé pouvait être agrémenté de pièges divers : marécages plus ou moins profonds, pieux acérés, ronces et aubépines tressées...


Récit des travaux des années 1430 (par I. Chave)

Dans les travaux dirigés par G. Milles reviennent constamment la mise en place et l’entretien des chemins de ronde couverts ou des hourds charpentés (hourdeys, hourdeys en fourme de guerite, tourelles, galleries), uniformément répartis sur l’arase des courtines.
Au printemps 1431 est élaborée une guérite de bois entre le bout de la chapelle et le baile. En 1436, l’ensemble des hourds d’entour le chastel est vérifié, puis redressé si nécessaire. En 1438, ceux situés au bout de la chapelle sont restaurés. 
En 1439, un charpentier remet en état celui du donjon.
A intervalles réguliers, des degrés de bois (escaliers) permettaient leur communication avec les cours : un, sur la courtine nord-est, près de la chapelle, servait pour descendre ou belle ; un autre, sur la courtine sud-ouest, aboutissait à la galerie de la garde-robe (I. Chave, 1998, p. 118, avec réf.).  
Le chemin de ronde contigu à la chapelle était couvert  […]pour avoir recouvert les doubliers et aultres prouchaines couvertures des goutieres d’entre la chapelle dud. Chastel et la galleries d’icelluy sur une autre gouttiere entre lad. Chapelle et l’escripture
(BNF, fr.26 062, n° 3039 (1436, 17 déc)

Choix de reconstitution

Dans un but pédagogique, je ne restitue des hourds que du côté de la rue de
Bretagne, en laissant les arrières de la mairie et la face promenade sans boiseries, tels qu'ils devaient être en temps de paix. Etant donné que les archives locales n'en ont conservé aucun dessin, je me suis inspiré de ceux que N. Faucherre a choisis pour son CD Châteaux forts
Pour des raisons techniques, mes planches sont rectilignes et un peu
géométriques, mais en réalité les charpentiers de l'époque ne répugnaient pas à utiliser des bois noueux, qu'ils fendaient plus qu'ils ne sciaient. La pourriture et les coups des assaillants devaient encore affecter la symétrie de l'ensemble.

vue 70 - la tour Salée


vue 69- secteur fouillé en 1990, sous l'état civil de la mairie.
A gauche, la braie ; à droite le rempart principal qui 
devait être percé d'étroites ouvertures par où les 
ordures pouvaient être jetées dans la lice.
Au loin, le châtelet d'entrée et son lanternon.


vue 42 - hourds et leur escalier d'accès vus de
l'intérieur de la haute cour 


vue 72 - Dans les douves, au pied de la tour Salée
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