D’après le texte de 1678, sur la main droite en entrant à l’arrière du château, se trouvait une chapelle rectangulaire (48 x 24 pieds ; ou 40 x 20 selon le texte de 1643 ; soit environ 12 à 14,40 m x env. 6 à 7,20 m [les deux auteurs ont pu prendre leurs mesures l’un à l’intérieur, l’autre à l’extérieur]), dont la muraille, du costé de la petite rivière de briante […] sert de closture aud. chasteau.

Selon Perceval de Cagny,  l’édifice construit par Pierre II était une très belle et très notable chapelle, attenante à la fois au chemin de ronde couvert de l’enceinte et à un bâtiment qualifié d’escripture, affecté sans doute à la rédaction des actes et à l’usage des secrétaires et officiers comptables du comté d’Alençon.

Le procès verbal de 1643 mentionne la présence de restes d’une gallerye de bois qui servoie à retirer les princes, seigneurs et d’autres qui alloient par le hault de leur chambre dans la chapelle pour entendre le service divin.  Cette galerie noble (sorte de premier étage mezzanine en bois) est citée dès 1427 (lire ce texte ci-contre, à droite) et en 1436 : […]pour avoir recouvert les doubliers et aultres prouchaines couvertures des goutieres d’entre la chapelle dud. Chastel et la galleries d’icelluy sur une autre gouttiere entre lad. Chapelle et l’escripture (BNF, fr.26 062, n° 3039 (1436, 17 déc). Une galerie contemporaine existe encore dans la chapelle d'Essai 
(cliquez ici pour voir la chapelle d'Essai).

 Le texte de 1643 donne aussi les ouvertures de la chapelle : une grande baie ogivale éclairait sa façade pignon et trois autres étaient percées le long de la cour du chastiau ; et deux issues, l’une sur la cour et l’autre dans la cuisine ou salle du chasteau. 

La chapelle castrale d’Alençon est dite pavée de pierre blanche en façon de lozenge [AD Orne, D7 (1643, 9 juin)] ; le pavé qui est de pierre blanche d’environ 9 pouces en carré en tout cassé et usé [AD Orne, D5 (1678, 25 janv.)] 

Dans la première moitié du XVII ème S., la chapelle comportait encore de belles et anciennes peintures (1620), constituées d’un ensemble de lambris peints représentant le Christ, les apôtres et de saintes figures (1643). Est lad. Chapelle bien couverte et lambricée et led. Lambris paints de plusieurs images et portraits de N.S. Jésus Christ, des apostres et d’autres saints et saintes, laquelle peinture est à demy effacée (G. Bry, 1620, p. 264. AD Orne, D 7 (1643, 9 juin). 
En 1678, la chapelle est définitivement détruite (lire ci-dessous). Elle n’était donc probablement plus visible lors du tracé du plan de 1746. Seuls restaient les bâtiments qui la prolongeaient vers le nord.

La disparition du bloc résidentiel et l’absence de dessins contemporains et authentiques rendent impossible toute critique de la narration de Perceval, quant à l’attribution de la chapelle au comte Pierre II. 

La chapelle se prolongeait au nord par un bloc résidentiel formé d’un logis comprenant les chambres du régent et de sa femme à l’étage, l’escripture était peut-être au rez de chaussée au dessus d’une cave : ensuite et joignant la chapelle se trouvait un petit corps de logis, appuyé sur la courtine, consistant en une cave et deux chambres l’un sur l’autre, dont l’escalier hors œuvre est de pierre de taille(AD Orne, Fonds du collège royal d’Alençon, D5 (1678,5 jan) et D7 (1643, 9 juin).. Le texte de 1678 mentionne le bon état de conservation de ce logis, mais la totalle ruine des pignons et murs-gouttereaux de la cuisine et de la chapelle, qui ne peut subsister. Cette même année, en février, Isabelle d’Orléans, duchesse d’Alençon, autorise les frères jésuites à faire démolir les lieux inhabitez au derrière du chasteau d’Alençon, et notamment la chapelle pour remployer les matériaux de ces vieilles mazures (A.D. Orne, D 5. 1678, 21 févr.).

A la suite du logis (dans la mesme suite du bastiment), utilisant encore la courtine comme mur-gouttereau, venait un endroit où autrefois estoient les cuisines, ainsi qu’il nous a esté dit et aparu par les marques de deux cheminées qui y estoient à chaque bout
De  la grande salle, on apprend en 1438 qu’elle était située devers le prael et disposait de chambres attenantes, bien différenciées de deux autres chambres contiguës [à la tour] de  l’auloge : item 74 piez [de gouttière] entre deux  chambres dud. chastel aboutant a l’auloge [peut-être près de la tourelle latrines, côté promenades]; item 64 piez sur les chambres joignant a la grant salle dud. chastel devers le preau [gouttières des 2 chambres situées à l’étage du logis au sud de la grande salle, côté préau ?](A.D. Orne, A 409, 1438, 26 juin). 

Un certificat de 1431 (voir ci-contre) évoque aussi l’existence de la chambre de monsigneur, sans doute le régent, située non loin de la tour de l’horloge .

En 1439, les chevrons et sablières de la charpente de la grande salle sont totalement redressés, à l’aide d’échaffaudages [ce qui suppose qu’elle est à l’étage pour avoir une sablière, des chevrons et besoin d’échafaudages](B.N.F., fr. 26 066, n° 3824. 1439, 17 juil.).

plan (vue 65), à comparer à la fig. 2,
en jaune : la mairie et la rue centrale 
de la place Foch.
 

la chapelle vue du haut
du donjon  (vue 38)
 

Quittance de 1427

pour avoir fait de leur mestier de charppenterie ou chastel dud. lieu d’Alençon troys huys (portes) de boys es chambres ou ont eté logiez mons. le regent et auxi madame la regente et pareillement pour avoir fait en la gallerie de la chapelle d’icelluy chastel ung hostel de boys pour chanter la messe de mond. seigneur  [le régent-duc de Bedford] et de madame(BNF, fr.26 050, n° 821, 1427, 10 oct.—1428, 4 avr. : Fragment d’un compte des recettes et dépenses de la vicomté d’Alençon ; quitt. du 24 oct. 1427 citée par I. Chave). 

Item ont semblablement fait de leur mestier de charpentier ung pan de hourdeys contenant une perche ou environ, estant ou derriere de la chambre de monsigneur. Item ont fait et rappareillyé les hourdeys d’iceluy chastel depuis la tour de l’orloge jusques a iceluy pan de hourdeys derrainement fait (BNF, fr.26 054, n° 1526, 1431, n.s. 27 mars). 

Ung hourdeys en fourme de guerite estant entre le bout de la chapelle dud. chastel et une tourelle estant oud. Chastel en venant a la basse court d’icelluy  chastel […] avecquez ung degrey de boys pour descendre dud. Hourdeys ou belle [basse-cour]d’icelluy chastel (BNF, fr.26 087, n° 7581 (1431, avr.-3 mai).
Pour avoir rappareillé le hourdeys du bout de la chapelle dud. Chastel et refait le degré par lequel on monte sur icelui hourdeys (BNF, fr.26 064, n° 3593 (1438, 10 oct).

vue à partir des Promenades 
(vue 30 équivalent de la fig. 18)