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Chronologie
détaillée
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1027-1035
citation du « castrum
Alencium
»
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1049-1050
: guerre normanno-angevines
-
Début
des
années 1080 : le site est fortifié.
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1087
: mort de Guillaume le Conquérant
-
1112
: arrestation de Robert II de Bellême, siège du château
par Henri 1er Beauclerc, Roi d'Angleterre.
-
1118
: le mot « turris
»
est employé pour évoquer ses dispositifs de défense
par Ordéric Vital à l’occasion d’un siège du château
mené par le comte d’Anjou, c'est peut-être le début
de l'édification du donjon (année par ailleurs riche en
événements,
voir à droite).
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1119,
Henri Ier Beauclerc restitue Alençon à Guillaume III
Talvas,
fils de Robert II de Bellême, à l’exception du donjon.
-
novembre
1135 : mort d'Henry 1er Beauclerc, roi
d'Angleterre et duc de
Normandie
-
entre
1135
et 1169 : construction de plusieurs donjons
rectangulaires
dont ceux d'Alençon, Exmes, Argentan et Domfront
-
milieu
du
XII ème s. : le grand parc est attesté
-
1173-1174
: grande révolte contre la tutelle administrative du roi
Plantagenêt
-
1204
: Philippe Auguste, Roi de France, conquiert la Normandie
dont Alençon
-
janvier
1221 : le comté d'Alençon est intégré
au domaine royal de Philippe Auguste
-
1250
à
1280 : période de croissance, construction
de
la cathédrale de Sées
-
1269
: acte constitutif d’apanage du comté d’Alençon délivré
par Saint Louis au profit de son 5 ème fils Pierre.
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1315-1317
: grande famine
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1346
: mort de Charles II d’Alençon, frère du roi Charles VI à
Crécy. Début du gouvernement de Marie d’Espagne, comtesse
d’Alençon, au nom de ses deux fils mineurs;
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Juillet
1348 : début de la grande peste
-
1357
Charles d’Alençon participe aux Conseil du Roi
-
1364-1367
: Marie d’Espagne quitte la direction effective du comté
quand son
fils Pierre II revient de Londres où il était otage depuis
les traités de Brétigny et Calais (1360)
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1370
: 1ère mention de canon dans le secteur à Exmes (I.
Chave 2000 p. 5)
-
1368-1370
: Gérart Coquier est maître des œuvres du château et
de la ville d’Alençon
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1368-1369
: Pierre II participe aux Conseils royaux
-
entre
1372
et 1374, Pierre II est fréquemment à
Alençon
alors que de 1378 à 1404, il n’y réside pas.
-
probablement
entre
1371 et 1410 construction générale de
mâchicoulis
sur console sur l’essentiel des remparts et tours
préexistantes
(I Chave, 2000, p. 15 et notes 33-34)
-
sous
le
règne de Pierre II : selon Perceval,
construction
de la chapelle castrale.
-
1384
: le transfert durable de la cour de Pierre II à Argentan
est acquis
-
1394
: dès cette date au moins la « chambre des deniers »
de Pierre II est transférée à Argentan (centralise
et redistribue les revenus des différents greniers à sel
de l’apanage)
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1404
: mort du conte Pierre II
-
1404
–
octobre 1415 règne de Jean Ier (fils de
Pierre II),
mort à Azincourt, il ne résidera pas à Alençon
peut-être à cause des travaux.
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1400-1410
Jean Ier participe aux Conseils du Roi
-
1404-1410
dates probable de la construction du pavillon, de la tour
couronnée
et de la tour au chevalier (Selon le chroniqueur
Perceval, Jean
Ier fist faire la porte et basse court
[…] et
avoit intention de faire de grans oeuvres.
Les éléments
de style architectural qui confirment ces dates :
linteaux droits
à coussinets, mâchicoulis sur consoles généralisés,
ponts levis à flèches, archères-canonnières
à simple orifice circulaire au milieu de la fente de
visée.
Autres créations royales ou princières au tournant du XIV
è et XV è S. : le Louvre (massif de tours jumelles des
faces
S. et E.), la Bastille (terrasse de tir supérieure),
Saumur (échauguette
de la barbacane trapézoïdale de l’entrée S. (1367-1384),
et, en Bretagne, Suscinio ou Vitré (1380-1400), pour l
‘association
d’une porte à dispositifs performants et d’un logis
compact sur
cour (I Chave 2000, p. 123).
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janvier
1414 : le conté d’Alençon est érigé
au rang de Duché-pairie
-
octobre
1415 mort du duc Jean Ier à Azincourt
-
22
octobre
1417 : les anglais prennent Alençon
-
oct.
1420
à fevr. 1421, travaux aux ponts aux hourds
et aux
toitures du château d’Alençon
(I. Chave, 1998, p. 115, nombreuses
réf.)
-
1421
Gilot Tropafenes est à la fois receveur de la châtellenie
et payeur des œuvres du château
(B.N.F., fr. 26 043, n° 5576.
1421 n;s;, 13 jan)
-
mai
1422 des réparations
dedens
le chastel d’Alençon (cité par I.
Chave, 1998,
p. 115).
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1427,
remplacement des portes des chambres du régent et de la
régente
et installation d’un hôtel de bois dans la chapelle du
château
(B.N.F., fr. 26 050, n° 820-821. 1427, 10 oct. -
1428 n.s., 4
avr).
-
juillet
1428 : travaux sur le toit de la chapelle
et dans la Tour du
Puits (localisation ?).
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oct.
1429, la garnison d’Alençon compte le très
fort
effectif de 200 hommes d’armes et archers
-
nov
1429, 160 hommes (BNF, fr. 25 768, N° 432.
1429, 12 nov.)
-
mars
1431, 170 hommes environ
(BNF, fr. 25 769, N° 579.
1431 n.s., 24 mars) ; des travaux ont été entrepris sur le
pont tournant, les hourds et les bases des canons.
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avril
1431 les hourds du château d’Alençon sont pourriz
et tellement tournez en décadence que ilz ne sont
plus en estat
de deffence, le bois de charpente
d’une tourelle de la fausse
poterne est tout pourry et
rompu, pourquoy
lad. Place pourroit estre en dangier et inconvenient
(BNF,
fr. 26 087, n° 7581. 14 31, avr.—avant le 3 mai)
-
oct.
1432, le roi d’Angleterre Henry VI lui
même, motivé
par l’advis et
deliberation du
régent,
duc de Bedford, ordonne les travaux de démolition
des murs du parc du château (BNF, fr. 26 057, N°
1918.
1432, 1er oct. Paris ). Le but est d’éliminer un point
vulnérable
en cas d’attaque de la ville. Mais l’ordre ne sera pas
suivi d’effet (voir
1439).
-
1433
: changement de la couverture de tuile d’une tour ronde de
l’enceinte (BNF,
fr. 26 057, N° 2170. 1433, 24 oct.)
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jan.1434
: démolition du château de Saint-Céneri par le
vainqueur anglais. Pour ce siège les anglais avaient
utilisé
dès 1431 des bombardes dont les boulets étaient taillés
par des artisans locaux ainsi que huit piolets en fer et
une longue perche
en fer, munie de seize crochets, pour abattre les hourds
de la forteresse
(I. Chave, 1998, p. 105-106 avec nombreuses réf.
D’archives).
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1434
(ville et château) : 26 gens d’armes montés, 14 à pied
et 120 archers, soit presque le double d’Argentan à peine
moins
que Rouen (R. Jones, 1998, p. 85).
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1431
à
1447, L’anglais Guillaume Milles
(VILLEAM MYLIS)
dit le Tailleur est maître des œuvres du roi en la vicomté
d’Alençon.
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1435
: mort du duc de Bedford qui agissait comme duc de
Normandie. C'est
le roi d'Angleterre Henri VI qui gouverne personnellement.
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1435-1439
: période de très forte insécurité.
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mars
1436 : les Anglais construisent des
structures en bois
dans la Grosse Tour pour la renforcer et pour aider
l’utilisation des pièces
d’artillerie.
-
en
1436, il existait une chambre de la forge
au château,
sans doute pour les menues tâches de serrurerie et
l’entretien des
armes (BNF, fr. 26 062, N° 3037. 1436, 15 déc.)
-
en
1436, les plombs des gouttières des
édifices résidentiels
étaient si empirés et quassez
que ne pouvoient plus servir au prouffit de ce
pourquoy ilz avoient esté
ordonnez (BNF, fr. 26 061, N° 2880.
1436, 18 juil. ;
26 062, N° 3039. 1436, 17 déc.)
-
décembre
1436 : campagne de travaux pour réparer les
lices, les
hourds, les bases des canons, le pont dormant, le
pont-levis et le boulevard
-
1436
: fin des observations de Perceval de Cagny
-
juin
à
oct. 1438 : 6 maçons et 7 charpentiers
travaillaient
aux halles de la boucherie du jeudi et au château :
chaussée
de l’étang [ce qui prouve qu’elle était au moins en partie
en maçonnerie ou en charpente], hourds, galerie de la
garde-robe
(A.D. Orne, A 409 5 1438 , 26 juin ; BNF, fr. 26 064, N°
3593. 1438,
10 oct.).
-
juill.
1439 : les chevrons de la charpente de la
grande salle d’Alençon
étaient découplez,
les sablières pourries
(BNF, fr. 26 066, N° 3824. 1439, 17 juil.). A cette époque
on
ne lance les travaux qu’au moment véritablement critique.
Il semble
que les contraintes économiques empêchaient de consacrer
des
sommes régulières à un entretien routinier qui aurait
pallié la dégradation naturelle des édifices (I. Chave,
1998, p. 96). Il est notable que jamais les œuvres
dirigées par
Milles à l’enceinte castrale n’ont eu pour objet
l’obstruction de
brèches dans les maçonneries ou le renforcement de parties
trop faibles. Il s’agit le plus souvent de problèmes de
chemins
de ronde, de hourds et de charpentes.
-
déc.
1439 : Un certificat de Guillaume Milles,
montre qu’en réalité,
le maître des œuvres n’executa jamais l’ordre royal de
détruire
le mur du parc : au contraire, pour
la seureté
et deffence d’icelui chastel, il
employait alors cinq maçons
à reboucher les brèches des murs du parc château (B.N.F.,
fr. 26 066, n° 3906. 1439, 10 déc.)
-
hiver
1439 : des brèches sont comblées dans les
maçonneries
de la Vieille Tour et dans les murailles de l’une des
portes fortifiées
-
avril
1445
ou 1446, 80 hommes en garnison au château
(BNF, fr.
26 074, N° 5442. 1445 ou 1446, 10 avr.)
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21
avril
1447 : premier acte de Jean II de retour
sur son domaine
après l’occupation anglaise (acte expédié d’Argentan
; AD Orne H 1372).
-
été
1447
: un chef de guerre Anglais, Roger de
Camois, ne recevant
plus sa solde pille les régions d'Exmes et d'Alençon
-
mars
1449 : le duc d’Alençon Jean
II, prend par
surprise les forteresses de Boitron et Essai (la garnison
était
partie à la pêche).
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septembre
1449 : Alençon tombe avec la complicité des
habitants
-
1456
et
1474 le duc Jean II est condamné à
mort
par Louis XI (la peine ne sera jamais exécutée)
-
Le
8
août 1472, Louis XI visita Alençon. Une
lourde
pierre se détacha du haut d’une tour du château frôla
de si près le Roi qu’elle arracha un pan de son manteau.
Ce n’était
pas un attentat mais un page qui folâtrait sur les
remparts avec
sa petite amie, il fut condamné à une légère
peine de prison !(A. Champion 1993).
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1488
: mariage du duc René avec Marguerite de Lorraine, la paix
devient
définitive, fin véritable de la guerre de 100 ans.
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1er
nov
1492, mort du Duc René, époux de Marguerite
de Lorraine.
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1513
: le lanternon en plomb du pavillon est en
place, probablement
construit depuis 1510. D’autres travaux de parachèvement
sont signalés
aux mêmes dates sur le pavillon (I. Chave 2000, p. 55).
-
de
1509
à 1525, Marguerite d’Angoulème future
Marguerite
de Navarre, épouse du Duc Charles IV, réside tous les étés
au château, entretenant une cour où brillèrent
les plus grands esprits du moment, notamment Clément
Marot. Elle
fit également élever des poules d’inde ramenées par
Christophe Colomb
-
1534,
Marguerite d'Angoulème afferme le parc ne retirant qu'une
partie
des fruits qu'elle distribue aux religieuses de Sainte
Claire (A. Champion
1993).
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1592
Le roi Henri-le-grand ordonne la démolition du château
sauf
du donjon.
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1620
: les édifices de la haute-cour sont fortement ruinés (I.
Chave, 2000, p. 28).
-
début
du
règne du Louis XIV, le roi fait enlever les
derniers
canons.
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1676
Madame de Guise, dernière duchesse d’Alençon, se retire
dans
un hôtel acheté par elle en 1675.A partir de cette date,
le
château est habité par le gouverneur de la ville. (A.
Leclère,
L’aliénation des terrains du parc d’Alençon, Bull. SHAO,
1916, p. 209 à 234).
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"En
1712, il
arriva à Alençon
des prisonniers de guerre, pris à la prise des
villes de Douai,
Quesnoy et Denain. Ils furent enfermés dans le
château et
gardés par les bourgeois"(anonyme (Le
Queu), 1933,
p. 182).
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1745
: destruction de la courtine entre pavillon et tour du
Chevalier (I. Chave,
2000, note 42)
-
"En
1745, au mois de mars,
il vint à Alençon
des Hollandais, prisonniers de guerre. Ils furent
pris à Bruxelles.
Il en vint 600 à Alençon qui furent mis au château.
Les bourgeois y montaient la garde. Ils sont partis
pour s'en retourner,
le 20 octobre de la même année."
(Annonyme
(Le Queu) 1934 p. 84).
-
1746
"On y loge 600 prisonniers de guerre faits en Hollande
puis on y met les
mendiants, puis les prisonniers de droit commun et sous la
révolution
des politiques" (A. Leclère, 1916)
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24
mars
1768 : projet avorté de construire une
halle au
blé à cheval sur le jardin de l’éperon et une place
voisine.
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De
1768
à 1776, le château remplit le rôle de
dépôt de mendicité en recevant vagabonds et
mendiants
-
22
sept
1770, le gouvernement décide de créer un
palais de justice et prison dans le château, donjon et
dépendances.
Saint Denis, gouverneur de la ville est dédommagé pour
quitter
les lieux.
-
3
août
1773, le roi concède à la ville les 15 ha
du grand
parc. Décision confirmée le 17 juin 1775, ventes de lots
dès le 5 août (A. Leclère, 1916, 213).
-
"Le
23 octobre 1773
on a commencé à démolir quatre tourelles ou guérites
qui faisaient le couronnement du donjon, duquel on a
fait une prison"
(annonyme (Le Queu) 1933, p. 181).
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1774,
démolition du pont levis vers les Promenades au pied de la
Tour
Couronnée (cf mention sur le plan de Le Queu levé en
1746).
-
1775
plans et devis des nouvelles prisons« On avait bâti, pour
le
logement de la gendarmerie la maison neuve qui se trouve
entre le château
et la tour couronnée et est maintenant occupée par la
maison
de justice du département et par le concièrge, les
prisonniers
furent tirés du donjon où ils étaient exposés
et transférés dans la dite tour » (extrait du registre
des délibérations du Conseil municipal d’Alençon,
cité par A. Leclère, 1916, p. 230).
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1776
: démolition du vieux moulin et des deux
tourelles formant
barrière à l'entrée du pont menant au pavillon
(cf plan de Le Queu levé en 1746).
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De
1779
à 1824, diverses juridictions occupent le
château.
-
1782—1783
destruction définitive du donjon
-
17
mars
1783 adjudication pour la construction de
l’hôtel
de ville
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5
juin
1788 : pose de la "cheville de la
charpente" de l'hôtel
de ville (annonyme (Le Queu) 1934, p. 84).
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1790
début de l’occupation réelle de l’hôtel de ville
-
1811
décision de construction du palais de justice
-
En
1824 le pavillon d'entrée et la tour
couronnée
deviennent une maison d'arrêt
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31
mars
1827 : inauguration du palais de justice
-
1862
: le château est classé Monument Historique
-
1940-1944
de nombreux résistants sont internés à la prison
-
Janvier
2010 : fermeture de la maison d'arrêt.
- 2012-2016
: Echanges avec l'Etat, concernant le rachat du château
par la ville.
- 2016
: Etudes préalables relatives à la sauvegarde et la
valorisation de l'édifice, ainsi qu'au projet paysager ;
validation du coût d'acquisition du château ;
sollicitation de subventions.
- 2017
: mise en place des diverses conventions. En juillet,
l'atelier Strates en Strates dessine l'aménagement des
cours.
- 22
janvier 2018 : achat du château à l'Etat par la
Ville d'Alençon.
- 17
et 24 mars 2018 : le public peut visiter les cours à
l'occasion des Journées de l'Architecture.
- 23 mars 2018 : démolition
du mur de clôture reliant le Palais de justice et le
pavillon d'entrée (côté place Foch) ainsi que plusieurs
murs de cloisonnement entre le Palais de justice et le
pavillon.
.La prison
pendant l'occupation
Allemande
Albert Gaumer était ouvrier coiffeur chargé par son patron
d'aller couper les cheveux des détenus à partir de 1940.
A cette occasion il se rendait toutes les semaines à la
prison.
Le 21 mars 1944, les prisonniers politiques sont transférés
au château jusque là réservé aux détenus
de droit commun. C'est donc presque tout naturellement qu'il
a été
amené à aider la résistance pour devenir plus
tard un agent de liaison et de renseignement.
"... Les messages
que je
devais transmettre n'étaient plus seulement verbaux et
la
prison commençait à se remplir de plus en plus de
prisonniers,
aussi bien des hommes que des femmes. Les rafles étaient
devenues
monnaie courante et nombreux étaient les juifs à se faire
arrêter.
A
cette époque, nous allions à la prison tous les lundis
matin avec un collègue qui ne faisait pas de résistance.
Le truc pour faire passer les messages était très simple
: j'avais creusé les manches en bois de deux blaireaux, l'un
restait
à la prison tandis que l'autre sortait...
J'ai
toujours fait ce qu'on m'a demandé et je n'ai jamais
anticipé
pour ne pas commettre d'erreurs. Ma règle d'or était de ne
jamais lire les messages car moins on en savait, moins on
risquait de parler
en cas de pépin. Et de toute façon, une seule mission à
la fois..."
Une fouille qui
aurait
pu mal tourner
"A
force de venir chaque semaine, nous étions devenus des
habitués
et rares étaient les occasions où nous étions fouillés
complètement. Pourtant une fois c'est arrivé et ça
a bien failli être ma fête. En effet, mon collègue venait
d'acheter une nouvelle tondeuse et il avait décidé d'emmener
avec lui le prospectus écrit en français. "Tu vas voir, on
va bien rigoler à la fouille" m'avait-il dit. Comme il ne
savait
rien de mes activités, je ne pouvais pas vraiment l'en
dissuader
sans risquer d'éveiller ses soupçons. Comble de malchance,
c'est précisément ce jour qu'un officier allemand que je
rasais habituellement m'avait demandé de lui rapporter la
carte
grise du véhicule de Maigné qui venait de se faire arrêter
à la suite d'une perquisition au cours de laquelle on avait
retrouvé
chez lui des fausses cartes d'identité ainsi que des cartes
d'alimentation.
J'ai répondu à l'officier que je n'avais pas le droit de
communiquer avec les prisonniers et, il m'a donc fait une
lettre d'accréditation
à remettre aux gardiens.
En
arrivant à l'entrée de la prison, ce qui était
prévu par mon collègue arriva. A la vue du fameux
prospectus,
les gardiens ont eu la puce à l'oreille et ont décidé
de nous fouiller complètement. La situation était
préoccupante
car j'avais un message dans la doublure de ma veste. Une
fois mon collègue
fouillé, mon tour est arrivé. C'est à ce moment que
j'ai entendu un appeler mon nom pour me restituer la lettre
que j'avais
laissé à l'entrée. Sautant sur l'occasion, j'ai profité
de l'aubaine et je me suis empressé de glisser le
message
à l'intérieur. Quand ils ont vu qu'elle portait le cachet
officiel, ils n'ont pas pris garde. Je l'avais échappé
belle..."
(extrait de Mémoire 44 Alençon dans la tourmente, cahier
spécial réalisé par la rédaction de l'Orne
Hebdo, n° 3, p. 23, date ?).
Voici
un témoignage retrouvé par G. Bourdin. Les numéros
des cellules cités dans l'article ont changé, mais la
proximité
de la chapelle indique le troisième étage :
"Un
ancien pensionnaire de Ducs qui occupa la chambre 14 a
évoqué
devant nous à ce propos l'un des plus pénibles souvenirs
de la prison.
- La chambre 14
était
voisine de la chambre 13, celle des condamnés à mort.
Aucun
rapport n'était possible avec eux..., la porte étant
toujours
gardée par une sentinelle, quelquefois deux en armes.
A
la venue de l'aumônier, à certains indices, nous devinions
pourtant certains soirs, les sinistres préparatifs.
Le
fourgon parti, alors que les fronts étaient sévères
chez chacun de nous, savez-vous jusqu'où pouvait aller la
délicatesse
de ces messieux ? Froidement, presque avec le sourire, ils
nous apportaient
les restes de pain et des pauvres victuailles de nos
malheureux camarades.
Ont-ils jamais
compris pourquoi
nous n'y avons jamais touché ? Il faut croire que non, car
le fait
se renouvela trois fois. En vieillissant, j'oublierai
peut-être beaucoup
de choses, mais non... ça, je n'oublierai pas ça."
Une journée avec ceux de la "14"
"En
face de la chambre 13 se trouve la chapelle, convertie, au
temps de l'occupation
en corps de garde, et au fond du couloir la "chambre 14" qui
fut le séjour
de bon nombre d'Alençonnais, citons : MM. Gardye, Duhazé,
l'Abbé Ferré, Laforet, Gost, Poisson qui nous a fourni des
détails de son existence et de celle de ses compagnons.
Laissons-lui
la parole pour égrener quelques-uns de ses souvenirs. C'est
tout
d'abord l'emploi du temps :
"- A six heures un
cerbère
ouvrait le judas et nous lançait un "auschtein" retentissant
et
sans réplique. C'était quelque chose comme le debout là
dedans de la caserne. L'ennui pour un chef de chambre était
alors
de faire obéir ses hommes. Ils ne comprenaient pas qu'on les
fasse
lever à 6 h du matin pour ne rien faire de la journée.
- A 7 heures la
louche de
simili-café ou l'infecte tisane que l'on avait baptisée des
Quatre Pères Chartreux je ne sais pas pourquoi d'ailleurs,
car je
ne pense pas que les bons pères chartreux aient jamais
fait
quelque chose d'aussi mauvais.
- A midi et à 5
heures,
deux louches de jus de soupe sans légumes et sans pain. Le
reste
du temps, inaction la plus complète ; deux fois par jour
cependant
la corvée pour vider les récipients sans couvercles qui
ornaient
les deux extrémités de chaque chambre. Dans un logis de 40,
ils n'étaient pas sans utilité, mais non pas sans odeur."
Et
notre interlocuteur de parler des occupations de la journée.
"... le bridge, de
longs
palabres où la gaieté n'était pas exclue, les visites
inopinées des gardiens, prélude d'avatars, ou l'arrivée
de nouveaux qui apportaient des nouvelles de l'extérieur et
des
événements.
La
journée se traînait abominablement longue. Pour les
Alençonnais
qui, comme nous, avaient vue sur la Place d'Armes, quel
cauchemar de vous
voir tous et toutes vaquer à vos occupations..."
- La journée se
terminait
sur un petit cérémonial digne de galériens. A 9 heures,
nous devions être au lit. La garde venait. Un homme avec la
mitraillette
gardait la porte, un sous officier parcourait les lits
accompagné
d'un autre homme armé. Sur la fin, ils poussaient la
précaution
jusqu'à soulever les couvertures pour s'assurer si nous
avions enlevé
nos pantalons. C'était qu'ils avaient entendu parler d'une
attaque
possible de nos camarades pour délivrer les prisonniers.
Deux ou
trois fois par nuit, le judas s'ouvrait sans bruit et
soudain la lumière
jaillissait. C'était un chleuh qui surveillait notre
sommeil..."
Extrait d'Ouest
France du
5 février 1947. Cité par G. Bourdin : De la
collaboration
à l'affaire Bernard Jardin (Orne, 1940-1946), dans
le Pays Bas
Normand, n° 1/2002, n° 245, p. 128.
|
X ème s. Les
origines
Alençon
est un ancien vicus de l’ancien pagus d’Hiémois chef-lieu de
centena
mérovingienne et d’une vicaria carolingienne connues
respectivement
au début du VIII ème S. et en 900. On ne sait si ce
chef-lieu possédait un point fortifié.
Selon
Guillaume de Poitiers, le château fut fondé avec l’accord
d’un duc de Normandie, nommé Richard, mais il ne précise
pas s’il s’agit de Richard I, II ou III.
La
seigneurie de Bellême y est sans doute installée dans le
premier quart du XI ème S. ; sous le règne de Robert le
Magnifique,
duc de Normandie, entre 1027 et 1035, Guillaume Ier
de Bellême
aurait cherché à soustraire le château d’Alençon
(castrum Alençium)
de
la tutelle ducale ; Guillaume de Jumièges, qui écrit vers
1070, précise qu’il le tenait en bénéfice (quod
bénéficii
tenebat jure), qu’une guerre
s’ensuivit
perdue par les Bellême. Il dramatise et amplifie pour
servir la propagande
du duc :
Guillaume
de Bellême, osant provoquer la colère du Duc de
Normandie,
s'efforça, sans réflexion, de libérer sa nuque du
joug imposé pour le service d'Alençon, château qu'il
tenait par droit de bénéfice. Cette farouche
insolence devant
être rapidement brisée, le duc vint avec une
multitude de
chevaliers et empêcha toute aide à une telle
présomptionen
enfermant le rebelle à l'intérieur de la forteresse
; il
le fit jusqu'à ce que guillaume de Bellême attendit
de bon
vouloir de sa clémence, les pieds déchaussés,
portant
une selle de cheval sur ses épaules , en signe de
soumission. Le
duc, satisfait d'un tel acte, non seulement
abandonna tout grief, mais
lui ayant remis le château, quitta les lieux
immédiatement.
Finalement,
Guillaume
(de Bellême)
[...]
envoya ses fils [...] tourmenter
la Normandie par une série de pillages [...] les
Bellême
furent écrasés...
(Guillaume
de Jumièges,
Gesta Normanorum Ducum, Rouen-Paris, 1914, p. 101-102
; cité
par G. Louise, L'Orne de la préhistoire à nos jours,
p. 95).
1049-1087 - Guillaume le
Conquérant
Lors
des guerres normanno-angevines de 1049-1050 où la famille de
Bellême
se scinde entre partisans du Duc de Normandie d'une part et
du comte d'Anjou
d'autre part, le château d’Alençon fut assiégé
par Guillaume le Conquérant, duc de Normandie ; mais
les différents
chroniqueurs qui rapportent les évènements ne fournissent
pas de précision exploitables. Selon eux , une fortification
de
nature imprécise (municipium), placée sur la rive
gauche
de la Sarthe, est en place lors du siège. Orderic Vital
raconte
que du haut de cette fortification les Alençonnais
frappaient sur
des peaux (pelles et renones)
en injuriant le duc de Normandie :
Rapidement,
poussé
par l'esprit irrité de ses chevaliers, il prit la
fortification d'assaut ; puis, après y avoir mis le feu,
il la livra
aux flammes. Il ordonna ensuite que l'on coupe les pieds
et les mains de
ceux qui s'étaient moqués de lui devant tous les
habitants
placés à l'intérieur d'Alençon. Il fit exécuter
son ordre sans retard et trente deux individus furent
ainsi mutilés.
En effet, ceux ci avaient frappé avec des battoirs des
peaux fraîchement
écorchées pour l'injurier et l'avaient appelé
"peaussier"
avec mépris, car les parents de sa mère avaient été
tanneurs. Les Alençonnais, effrayés par une telle
sévérité,
ne voulant pas subir le même châtiment, ouvrirent les
portes
et remirent immédiatement le château au duc, préférant
se rendre plutôt que de supporter de si durs tourments
pour leurs
membres.
(Guillaume de Jumièges, Gesta Normanorum Ducum,
et interpol. d'Orderic Vital, Livre VII, p. 126-127, 171 ;
cité
par G. Louise, L'Orne de la préhistoire à nos jours).
M.
de Boüard a interprété le fait par la présence
de peaux de bêtes fraîchement écorchées, placées
sur les hourds de charpente qui garnissaient le sommet de la
tour et destinées
à protéger les parties combustibles de la fortification
contre
le jet de matières enflammées.
Après
la conquête normande, le château fut occupé
par les troupes ducales jusqu’à la mort de Guillaume le
conquérant,
survenue en 1087.
Le
château d’Alençon apparaît peu dans les sources
diplomatiques
du XI ème S. ; il est mentionné dans le cartulaire de
Saint-Martin-de-Sées
par une allusion à la porte de Lancrel vers 1084 ; il est
signalé
expressément dans le cartulaire de Saint-Vincent-du-Mans,
entre
1080 et 1112.
1087-1112 -Contrôle par
la
seigneurie de Bellême
Lors
des troubles qui suivirent la mort du Conquérant, en
1087,
Orderic Vital qualifie le château d’Alençon de fortissimum
castellum, construit par la Talavaciana
propago, dans un discours prêté à
l’évêque
de Bayeux, Eudes.
Robert II de
Bellême
profita du désordre pour se tailler un territoire sans
précédent
qu'il administra avec brutalité et massacres. Il vint à
Alençon
et expulsa la garde Normande.
Le
château resta ensuite sous le contrôle de sa famille
jusqu’à
son arrestation en 1112 .
1112-1204 - domination anglaise
En 1112 ou peu après, Henri Ier Beauclerc, roi d’Angleterre,
qui
venait d'éliminer son frère duc de Normandie, vint assiéger
et prendre la forteresse.
En
1118, Henri Ier confia Alençon à Thibaut IV, comte de
Blois, qui remit la forteresse à son frère Etienne ; celui
ci la fit mettre en défense en imposant de lourdes taxes et
de lourdes
corvées aux habitants, modifiant les coutumes mises en place
par
le roi d’Angleterre. C’est peut-être autour de cette date
que fut
mis en chantier le grand donjon quadrangulaire de pierre.
Les changements
architecturaux montrent que cette élévation s'est faite en
plusieurs périodes.
Dès
la fin de l’année 1118, la ville d’Alençon se révolta
contre son seigneur, Etienne, et contre le roi d’Angleterre,
en faisant
appel au comte d’anjou par l’intermédiaire d’Arnoul de
Montgommery,
frère de Robert II de Bellême. Le comte d’Anjou assiégea
et prit la tour (turris) où s’était réfugiée
la garnison fidèle au roi d’Angleterre.
En
1119, Henri Ier Beauclerc restitua Alençon à Guillaume
III Talvas, fils de Robert II de Bellême, à l’exception du
donjon. .
(d'après G. Louise, 1991, p. 190-191,
avec
bibliographie et L'Orne des origines à nos jours, p. 99).
A
la mort d'Henry 1er Beauclerc, roi d'Angleterre et duc de
Normandie, en
novembre 1135, il y eut un conflit de succession,
provoquant une période
de troubles d'une vingtaine d'années dont fut vainqueur
Geoffroy
Plantagenêt, comte d'Anjou.
Les
Bellême, détenteurs du château d'Alençon
s'étaient rangés d'emblée dans le camp du vainqueur.
Celui
ci réussit à constituer un véritable empire
pour son fils Henri II Plantagenêt, comprenant
l'Angleterre, la Normandie,
le Maine et l'Anjou jusqu'à l'Aquitaine.
L'épine
dorsale de ce vaste ensemble était constitué
par le chapelet des petites plaines sédimentaires passées
en bordure du Massif Armoricain. Le contrôle des plaines
de l'Orne
placées sur cet axe, entre Alençon et Argentan, devenait
un enjeu fondamental pour les Plantagenêts. La frontière
sud-est
fut particulièrement fortifiée par le creusement des
Fossés
le Roi et la construction de plusieurs donjons
rectangulaires dont ceux
d'Alençon, Exmes, Argentan et Domfront entre 1135 et 1169.
Le gué
de Sarthe, protégé par le château en était un
maillon.
La
famille de Bellême était chargée de gérer
le comté d'Alençon.
De
nombreuses baronnies de frontières, foncièrement
indépendantes,
acceptèrent mal la tutelle administrative du roi
Plantagenêt
et participèrent activement à la grande révolte des
années 1173-1174. Les comtes d'Alençon prirent une
nouvelle
fois la politique traditionnelle des Bellême, faite de
fidélités
multiples et de trahisons successives. Ils purent négocier
leur
soumission assez facilement.
1204 Philippe Auguste, Roi de France,
conquiert
la Normandie
Jean sans Terre, le successeur d'Henri en 1189, fut convoqué
par
le Roi de France Philippe Auguste pour avoir épousé sans
son autorisation une jeune fille de 14 ans fiancée à un de
ses vassaux . Comme Jean sans Terre se retirait en
Angleterre Philippe
Auguste conquit la Normandie en 1203-1204 avec l'aide du
comte d'Alençon.
Le
roi de France devenait ainsi le maître de tous les biens
patrimoniaux
des Plantagenêts en Normandie. En une vingtaine d'années,
par le jeu des confiscations ou par le contrôle de certains
héritages,
le domaine royal s'accrut considérablement. Le comte
d'Alençon
disparut sans héritier mâle le 8 septembre 1217 ou 1219,
laissant
un fils posthume qui mourut peu après. En janvier 1221,
Philippe
Auguste obtint le comté d'Alençon avec toutes ses
appartenances
ainsi que les forêts d'Ecouves et de Chaumont...
Ainsi, vers 1230,
une grande
partie de l'Orne était intégrée au domaine royal capétien.
Blanche de Castille, accompagnée du petit roi Saint Louis,
dût
mener le siège de la Perrière et de Bellême pendant
l'hiver 1229.
Saint
Louis donna alors le comté d'Alençon à son 5
ème fils Pierre. A la mort sans héritier de Pierre, en 1283,
le comté réintégra le domaine royal. Le nouveau roi,
Philippe le Bel, le donna à son frère Charles de Valois,
ce qui fut une chance pour Alençon quant Philippe VI de
Valois accéda
au trône.
Du
point de vue agricole et économique, la période 1230-1270
restera dans les mémoires comme une sorte d'âge d'or, suivie
entre 1270 et 1330 d'une phase de croissance plus calme.
Elle permettra
la construction de la cathédrale de Sées entre 1250 et 1280.
Alençon pendant la guerre de 100
ans
(d'après R. Jones, 1998 et I. Chave 2003)
Les populations des pays d'Orne ont sans doute connu les
premières
grandes difficultés alimentaires au cours de la grande
famine de
1315-1317 puis de la grande peste à partir de juillet 1348
mais
les sources écrites sont peu explicites pour notre secteur.
La guerre
de Cent Ans débute vers 1340 après un siècle de paix.
Le secteur est assez calme au début du conflit mais les
villes sont
fortifiées en prévision d'éventuels troubles et le
comte Charles II d'Alençon est tué à Crécy
en 1346. Son fils Charles III n'a que 9 ans. C'est donc sa
mère
Marie d'Espagne, cousine du connétable du roi qui dirige.
Les troubles
militaires locaux vont justement commencer quand ce
connétable est
assassiné par des seigneurs Français alliés aux Anglais.
Le roi de France Jean II le Bon intervient en 1356. La
situation devient
confuse pendant 22 ans, avec attaques, brigandages de
mercenaires mal payés
des deux camps . Argentan et L'aigle sont prises par
les Anglais
de Lancastre au moins dès juillet 1356, le Merlerault
incendié,
Sées est brûlé en 1357.
Il existe des
périodes
de calme surtout après le traité de Brétigny de 1360.
A la faveur d'une trève conclue avec les Anglais en 1364,
les Français
récupèrent, entre autres, Mamers, le Merlerault et Igé.
Les défenseurs mettent les répits à profit pour améliorer
les défenses. " Les travaux commencés par Marie d'Espagne
(1346-1379) sont poursuivis sous deux de ses fils, Robert
du Perche (1368-1377)
et Pierre II d'Alençon (1368-1404), puis sous Jean Ier
(1404-1415).
Les terres de l'apanage d'Alençon subissent les
chevauchées
de Robert de Knolles (1370), des ducs de Lancastre et de
Buckingham (1373,
1380)... du duc de Clarence en 1412"
(I. Chave p. 10). Mais Alençon
ne semble jamais pris.
Charles V,
successeur de
Jean II, parvient à reconquérir toutes les places fortes
sauf Cherbourg. Entre 1380 et 1412, le calme est relatif
mais le conflit
repart par le sud. Le comte Pierre I er se défend si bien
qu'il
obtient du roi de France Charles VI l'érection de son
comté
en duché-pairie en janvier 1414, peu avant sa mort à la
débâcle
d'Azincourt .
La
gratification est aussi l'occasion de se réconcilier après
une brouille quin a conduit Jean Ier à se déclarer rebelle
à Charles VI et à lever ses propres troupes entre mai 1410
et septembre 1412, ajoutant une sorte de guerre civile au
conflit avec
les Anglais.
L’arrivée des Anglais
L'armée
Anglaise débarque en août 1415 à Harfleur et la guerre
reprend de plus belle. Après la défaite
d'Azincourt du 24 octobre 1415 et la prise de la ville de
Caen, Alençon
fut la principale cible de de l’avance anglaise vers le sud
. A partir
de août 1417, les Anglais mettent le siège devant les places
fortes provoquant la retraite du tout jeune duc Jean II vers
Beaumont -sur-Sarthe
(né en 1410, duc de 1415 à 1476). L’avance anglaise a été
rapide car les villes et châteaux forts situés le long de
l’Orne et de la Dives n’ont pas offert beaucoup de
résistance. En
quinze jours les Français affaiblis avaient abandonné
Argentan,
Chambois, Exmes, l’Aigle et Rugles. Puis ils ont évacué
Alençon
le 22 octobre 1417. Pendant que les Anglais assiégeaient la
ville,
d’autres contingents poussaient plus à l’est.
La
prise d’Alençon, ville stratégique, a marqué la
fin de la résistance française à l’avance Anglaise.
Avant février 1418, la plupart des fortifications de la
vallée
de la Sarthe étaient conquises, en avril pour les dernières.
Les garnisons françaises du Cotentin se trouvaient isolées
(C’est pour cette même raison stratégique qu’ en 1449 la
reconquête
française commença par la région d’Alençon.
La ville commandait la route principale nord-sud qui
traversait la Normandie).
Le duc de Lancastre attaque ensuite le Maine (1424-1425).
Organisation du territoire conquis
Ayant
hérité des fortifications françaises mais épuisés
par la guerre et manquant d’effectifs, les Anglais se sont
contentés
d’adapter le système défensif. Ainsi ils ont regroupé
des fortifications sous la responsabilité d’un seul
seigneur. Le
comte de Salisbury contrôlait par exemple les châteaux
d’Exmes,
Alençon, Essay, Bonsmoulins et Verneuil avec 480 soldats
auxquels
s’ajoutaient 48 hommes du Bailli d’Alençon, 96 soldats à
Argentan et 120 à Falaise. Ces troupes pouvaient se déplacer
fréquemment en fonction du harcèlement constant des
Français.
En absence du duc d'Alençon Jean II, jeune et en fuite, le
roi d'Angleterre
Henri VI confie le duché à son frère Jean, duc de
Bedford. Après la mort de ce dernier en 1435, Henri VI
semble avoir
dirigé le duché personnellement.
Travaux au château
(réf. d’archives, voir R. Jones, 1998, p. 82)
A
défaut de constructions nouvelles, la plupart des œuvres
étaient
destinées à réparer les éléments en
bois. En octobre
1420, des réparations furent achevées aux
hourds. Des charpentiers continuaient à travailler jusqu’en
décembre
de cette même année. En février 1421, les ouvriers
travaillaient sur les toits du château. Ensuite, il y a eu
une lacune
de 7 ans dans la séquence des manuscrits, mais d’autres
travaux
étaient entrepris en juillet 1428 sur le toit de la chapelle
et
dans la Tour du Puits. Ce n’est qu’en 1431 que les Anglais
voulurent renforcer,
pour la deuxième fois les défenses du château. Comme
à Domfront, ce sont les événements qui avaient lieu
ailleurs en Normandie qui ont motivé ces transformations. En
mars
1431, des travaux ont été entrepris sur le pont tournant,
les hourds et les bases des canons. Pendant les dix années
suivantes,
il y eut beaucoup d’activités au château, notamment
l’addition
de plomb au toit de la Grosse Tour [moulin] et des travaux
aux halles.
En mars 1436, les Anglais construisent des structures en
bois dans la Grosse
Tour pour la renforcer et pour aider l’utilisation des
pièces d’artillerie.
En décembre de la même année, il y eut une campagne
de travaux pour réparer les lices, les hourds, les bases des
canons,
le pont dormant, le pont-levis et le boulevard. La seule
certitude pour
la réparation de maçonnerie date de l’hiver 1439 lorsque
des brèches ont été comblées à la Vieille
Tour et dans les murailles de l’une des portes fortifiées.
Les derniers
travaux anglais eurent lieu en 1441.
Comme
ils ont subi jusqu’en 1439 une décennie de troubles,
de famines et de pestes, ils se contentent d’entretenir le
château
à peu de frais. On constate qu’ils n’ont pas essayé de
l'adapter
à se défendre contre les nouvelles armes à feu même
si c’est un des seuls sites où ils ont pris des mesures
pour incorporer
des canons. Ainsi le secteur tomba assez facilement lors
de l’avance française.
Septembre 1449, reconquête française
Pendant toute l'occupation anglaise, des bandes de paysans
résistent
aux pillages de la soldatesque, si bien que le pays n'est
jamais pacifié.
Des complots sont mis en oeuvre y compris pour reconquérir
des grosses
forteresses, mais les Anglais les récupèrent rapidement et
répriment. A partir du sacre de Charles VII, en 1429, des
coups
de main victorieux remontent le moral des Français mais
l'insécurité
contribue à épuiser la population surtout dans la période
1435- 1439. Pendant l'été 1447, un chef de guerre Anglais,
Roger de Camois, ne recevant plus sa solde pille les régions
d'Exmes
et d'Alençon. Le retour à la guerre officielle en juillet
1449 est presque accueilli comme un soulagement . Dès le
mois de
mars, le nouveau duc d’Alençon Jean II, prend par
surprise
les forteresses de Boitron et Essai (la garnison était
partie à
la pêche). En septembre, Alençon tombe avec la complicité
des habitants, puis Sées. La libération des forteresses se
termine avec Domfront en août 1450.
Mais
la paix n'est pas immédiate car le duc Jean II ne cesse de
comploter contre son roi Charles VII puis son successeur
Louis XI qui le
condamnera même à mort en 1456 et 1474 sans toutefois
exécuter
la peine. L'évêque de Sées se sent suffisamment en
sécurité dès 1470 pour abattre le mur d'enceinte et
le fossé du fort Saint Gervais qui protégeait la
cathédrale.
Le
8 août 1472, Louis XI visita Alençon. Une lourde pierre
se détacha du haut d’une tour du château frôla de si
près le Roi qu’elle arracha un pan de son manteau. Ce
n’était
pas un attentat mais un page qui folâtrait sur les
remparts avec
sa petite amie !
René,
fils du duc Jean II doit subir la méfiance du roi qui
le fait arrêter pour complot en 1481. Ce n'est qu'après la
mort de Louis XI en 1483 et surtout après le mariage de
René
avec Marguerite de Lorraine, en 1488 que la paix devient
définitive.
Après la guerre, la reprise
Débute
alors une période de paix et de relative prospérité
pour la région avec une croissance très rapide de la
population
dans le dernier quart du XV ème s. Partout sont construits
des manoirs
et des maisons fortes à escalier à vis. Le souvenir de
l'insécurité,
les attaques locales et la nécessité de marquer le rang
social
du commanditaire se traduisent par des tours et des murs
truffés
de meurtrières pour armes à feu.
A
Alençon, Notre Dame est mise en chantier vers 1475-1477, le
château
bénéficiera de quelques embellissements sur le pavillon
d’entrée
: fenêtres décorées et lanternon où aurait trôné
un gros lion en pierre, symbole des ducs d’Alençon.
Marguerite
d’Angoulème future Marguerite de Navarre, épouse
du Duc Charles IV, résida tous les étés au château,
de 1509 à 1525, entretenant une cour où brillèrent
les plus grands esprits du moment, notamment Clément
Marot. Elle
fit également élever des poules d’inde ramenées par
Christophe Colomb et le premier dindon fut dégusté en 1570
aux noces du roi Charles IX.
Deux siècles de démolitions
Puis
les seigneurs d’Alençon cessèrent d’habiter le château
en 1676. Débutèrent alors deux siècles de démolition
qui effacèrent de notre vue les parties les plus anciennes :
suite
aux guerres de religion, Henri IV et Louis XIII pratiquèrent
une
politique de démantèlement des forteresses. Au début
de son règne, Louis XIV fit retirer les derniers canons.
"L'an
1725
le samedi 24è jour de mars fut fait la cérémonie
de la bénédiction de la chapelle du château par
messire
Pierre Blard, curé d'Alençon, laquelle fut fondée
sous le titre de St Fellier. Le même jour y fut
célébrée
la première messe"(Marguerite Hette
et M. Dargaud,
Chronique monumentale et théâtrale du vieil Alençon
(1709-1732), Mélanges d'histoiore Normande dédiés
en homage à M R. Jouanne, n° spécial du P.B.N., 1970,
p. 173 à 185) [La localisation de cette chapelle n'est pas
précisée].
En 1745, il
enferme 600 prisonniers
de guerre Hollandais.
En 1749, les
murs de l'éperon
son arasés au niveau du sol, la tour du chevalier est
inhabitable
et sert de latrines, le vieux moulin n'est pas
complètement démoli.
La vieille muraille a encore 19 à 20 pieds de haut. Elle
ceinture
encore complètement les cours à l'exception d'une brèche
large de 18 pieds, faite en"démolissant le pignon du
vieil
moulin qui joignoit ledit mur de clôture". Les fossés ont
encore de l'eau "presque en tous mois de l'année".
L'ensemble
avait encore permis d'abriter 500 prisonniers hollandais
peu avant (Dargaud
M. 1977, citant un rapport du 2 nov 1749, signé Perronet
et Belleisle).
Un
arrêt du 23 juin 1762 accorde à la ville les matériaux
du vieux moulin, afin de lui permettre de reconstruire la
chaussée
ou quai du château mais il n'est pas question de toucher à
l'enceinte principale. Une autre demande du 24 mars 1768,
visant à
récupérer l'espace de l'éperon pour construire des
halles n'est pas même étudiée. Ce n'est que lors de
la venue de Napoléon , en 1811 que'un projet de création
de palais de justice est avancé.(Dargaud M. 1977).
De
1768 à 1776, le château remplit le rôle de dépôt
de mendicité en recevant vagabonds et mendiants. En
1773,
Louis XV fit don des terrains du grand parc à la
ville qui
devinrent le quartier des promenades et de la rue de
Bretagne. De 1779
à 1824, diverses juridictions occupèrent le château
qui depuis cette date, est devenu une maison d’arrêt où,
pendant
la guerre de 1939-1945, de nombreux résistants furent
martyrisés
par la Gestapo.
Le
château appartient toujours à l’Etat (Ministère
de la Justice) et il est classé Monument Historique depuis
1862
"les restes du vieux château".
En janvier 2010,
fermeture
de la maison d'arrêt.
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