Thierry CHURIN - Le château d'Alençon vers 1440
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L'auteur


On dit que les petits canards suivent toute leur vie la première chose qu'ils ont vue, cela s'applique peut-être aussi aux hommes. En tout cas, le château d'Alençon est un de mes tout premiers souvenirs d'enfance : à quatre ou cinq ans, je me souviens que je regardais la mystérieuse Tour Couronnée de ma fenêtre de la rue de l'Air Haut, je faisais coucou de la main aux prisonniers, mais le château on y entrait pas !
Des légendes couraient (et courent encore) sur les formidables souterrains, sur Marie Anson (ou la dame blanche). Au même moment on démolissait beaucoup (trop) dans la ville. 
En abattant un mur, des ouvriers avaient trouvé une épée, une vraie ! 
D'autres maisons s'écroulaient toutes seules. Je me souviens encore du nuage de poussière de celle de la rue Bonnette. 
Dans mon jardin, je reconstruisais le château avec de la terre et des cailloux.

Quand j'ai su lire, j'ai dévoré les pages d'histoire de Tout l'Univers, les célèbres émissions des Dossiers de l'Écran. A l'adolescence, je n'ai pas souvenir d'avoir appris une leçon d'histoire car j'avais tout assimilé à la fin du cours (aidé en cela par des bons profs du service public, comme Mr Blanchetière et Le Meur). . 

Mais dans mon milieu et avec mon piètre niveau en français et en langues, il n'était pas pensable de devenir prof d'histoire. J'ai donc opté pour une filière technique dans laquelle je me suis épanoui. C'est en préparant un bac F1 que j'ai appris à dessiner avec précision et en respectant de multiples normes. Mais à l'époque, il n'y avait pas de cours d'histoire dans cette filière, si bien que je n'ai par exemple jamais eu de discours structuré sur le XIX ème s. Cela me manque encore.

J'étais programmé pour faire une carrière de technicien, quand à 16 ans, j'ai fait une rencontre surprenante : je me promenais à vélomoteur dans le Bois d'Aché, le secteur le plus perdu de la forêt d'Ecouves, à 17 km de chez moi, loin de tout chemin carrossable, quand j'ai failli tomber dans un trou creusé au beau milieu des fougères. Sa forme carrée m'a surpris ; les ficelles tendues, les moindres cailloux nettoyés... Pas de doute c'était un chantier de fouilles. Mais comme il n'y avait personne, j'y suis revenu le samedi suivant. Les fouilleurs étaient aussi surpris que moi de me rencontrer dans ce lieu aussi isolé. Ils m'ont tout de suite intégré à leur équipe bénévole, le Groupe de Recherches Archéologiques Alençonnais.

Sous l'impulsion d'Hubert Gros et de Claude Lioult, les jeunes y étaient parfaitement encadrés et pour moi une passion est née.

De ce jour, l'archéologie a occupé la quasi totalité de mon temps libre jusqu'en 1990 (liste des travaux et sujets d'étude en bibliographie). C. Lioult qui présidait alors l'association et m'employait aussi bénévolement au musée d'Alençon, disait : "l'archéologie mène à tout" et "un archéologue doit savoir tout faire".  C'est avec ces deux principes et grâce à son coup de pouce que je me suis lancé, moi fils d'ouvrier, dans des études universitaires à la Sorbonne. J'en suis sorti à la maîtrise avec une mention très bien. 

Mais dans ce métier, des études correctes ne suffisent pas pour décrocher un emploi régulier et suffisamment rémunérateur pour nourrir une famille. Malgré l'influence d'E. Gautier Desvaux et quelques solides amitiés , il aurait fallu encore un peu de chance (je n'ai jamais trouvé de mosaïque) et tomber sur un département où quelques sites archéologique puissent fédérer un marché touristique. L'archéologue a alors une forte valeur économique, ce qui n'est pas le cas dans l'Orne 
(il y aurait quand même de quoi employer un archéologue, 40 fois moins que ce que faisait le Conseil Général du Calvados vers 1990 !).

Comme mes sujets d'étude et mes liens familiaux ne m'incitaient pas à changer de département, je me suis résolu, en 1990, à changer de métier. Devenu instituteur, mes activités archéologiques se sont sensiblement réduites : je donne quelques coups de mains à ceux qui ont pris ma suite et j'essaie de publier mes travaux anciens pour qu'ils ne soient pas perdus.

De 2000 à 2010, j'ai été chargé du Service enseignement à la Maison d'Arrêt d'Alençon, dans le château. A ce titre, j'ai pu visiter les lieux en détail même si toute photo ou prise de mesure étaient interdites.

A cette époque, mon fils Marc apprenait la modélisation en 3D, il m'a appris des rudiments de cette techniques.
Il serait capable de faire bien mieux, plus réaliste et interactif en 2018, dans le cadre de sa société Fygostudio.

Enfin, je dois remercier Guillaume qui m'a aidé gracieusement à mettre le contenu de ce CD sur la toile. Sans lui, mon travail serait resté dans un placard.

Une petite pensée aussi pour ma femme et les amis que je côtoie dans d'autres activités. Ce travail sur le château, accompli intégralement sur mon temps libre, m'a accaparé trop longtemps au détriment de la vie sociale. Les passionnés ne sont pas toujours faciles à vivre...

31-12-2017

contact par internet : aulerque@wanadoo.fr

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