Thierry CHURIN - Le château d'Alençon vers 1440
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Le moulin et le jardin de l'éperon
 Voir l'animation vidéo à basse altitude tout autour du château
 A gauche, vue 23 : Equivalent de la gravure de Hédin montrant l'éperon enserrant les tours jumelées 5-6 qui formaient probablement la première entrée du château. Sur cette vue j'ai élevé le mur de l'éperon plus haut que sur la vue 60 (en bas de cette page).
Cliquer sur l'image ci-contre pour avoir la vue 17 sur laquelle le mur est aussi plus bas.

fig 2 - 1746


fig 1 - 1637


vue 25


fig 9


fig 10
 

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Les deux tours 5 et 6 correspondent à une ancienne entrée du château, en service avant la construction de l'actuel pavillon d'entrée. La porte devait être munie d'un pont levis même si aucune trace n'en est conservée sur les documents anciens. Le jardin de l'éperon aurait alors servi de barbacane avec une sortie vers la ville peut-être près de la tour 4 (du Chevalier) dont le socle serait ancien. A ce pont aurait alors été associé un barrage permettant de maintenir un niveau élevé dans l'étang pour permettre le fonctionnement du moulin situé juste à l'arrière des deux tours jumelées 5-6. L'eau circulait dans un canal (à gauche sur la vue 66) puis passait sous le moulin par une sorte de tunnel pour faire tourner une roue à aubes fonctionnant par en dessous.
Mais il n'est pas évident de définir la forme exacte que pouvait avoir l'éperon vers 1440. Dans l'incertitude je l'ai restituée telle qu'elle apparaît sur les plans postérieurs.

Archives (renseignements I. Chave) :
Le moulin est attesté dès 1204 (Arch. Hosp. Alençon, H71, n°4 : charte de concession par Robert d’Alençon de la dîme de trois moulins d’Alençon dits du Pont de Sarthe, du Guichet et du château). 
En archives, ce bloc défensif est appelé grosse tour (Item a rapareillé le fer du moulin de la grosse tour : A.N., KK 1338, n° 96 (1439, 22 nov.) ; item pour avoir changé une sablere en la salle du danjon dud. Chastel devers la grosse tour : (BNF, fr.26 064, n° 3593 (1438, 10 oct.). Il est formé de deux tours jumelles en U accolées au pignon nord-est du moulin, d’une largeur cumulée de 20 m, selon Le Queu, dont l’élévation est fournie par des gravures pittoresques du XVIII ème S. (A.D. Orne, fonds Odolant Desnos, 31 J 10 et 31 J 111).
Vers 1370, il est question de curer la bonde de l’étang sous le moulin du château (I. Chave, 1998, p. 109). Cela indique clairement que le niveau de l’eau était plus élevé autour de la haute cour que sous le pont du pavillon.
En 1749 le moulin sert de carrière (I Chave, 2000, p. 14).

Un arrêt du 23 juin 1762 accorde à la ville les matériaux du vieux moulin, afin de lui permettre la reconstruction de la chaussée ou quai du château.
Une inscription sur le plan levé par Le Queu en 1746 précise que le vieux moulin a été démoli en 1776.


Le jardin de l’éperon

Le 24 mars 1768, le maire et les échevins d’Alençon transmettent à l’intendant la copie d’un placet qu’ils ont adressé au Roi, dans lequel ils sollicitent l’autorisation de construire une halle au blé. Les édiles alençonnais supplient donc le roi de faire don à la ville « d’un des jardins de son château d’Alençon, qui, séparé du corps de ce château par une petite rivière, n’apporteroit aucune incommodité ni à son exploitation ni à sa sûreté. La réunion de ce jardin à une petite place par le comblement du fossé qui les sépare formeroit un emplacement assez grand et assez commode pour y construire des hales ». Le projet ne sera pas même étudié.


Choix de restitution


 
Les fig 2 et 17 donnent une représentation en plan du secteur de l'éperon. Si la fig 2 est esthétiquement réussie, elle s'avère souvent imprécise quand on la compare à ce qui subsiste. J'ai donc choisi de suivre la fig 17 (exemple de différence : le mur qui longe la rue de la chaussée est rectiligne sur la fig 2 et brisé sur la fig 17).
Les fig 8-9-10-18 renseignent sur l'aspect et la hauteur du mur d'enceinte de l'éperon : construit apparemment en grand appareil de granit comme le pavillon (réédification contemporaine ?), sa hauteur dépassait largement le niveau de la chaussée. Odolant Desnos  en donne les mesures : On a abattu dans le jardin du concierge, nommé l'éperon, une muraille de 65 toises (env. 114 m) sur quatre pieds de hauteur (env. 1,30 m); [...] tous les plus beaux remparts et la partie du mur de l'Epron composant 365 pieds de tour (116,80 m, est-ce la répétition des 65 toises ?) sur 4 d'épaisseur et deux de hauteur sont entièrement détruits (Dargaud M. 1977, citant un rapport du comte de Rânes daté entre 1746 et 1749, reproduit par Odolant Desnos). Ces documents nous donnent des mesures probablement prises dans le jardin mais qui ne se raccordent pas sur des parties conservées et des cotes NGF. J'ai donc fait au mieux mais avec une certaine marge d'erreur en tenant compte que vers 1440 les murs pouvaient être encore plus hauts pour avoir une meilleure qualité défensive. Ils pouvaient aussi être percés de meurtrières qui ne sont jamais représentées. J'ai aussi renforcé le pied du mur (effet de talus) pour résister à la pression des terres (fig 1).

Pour reconstituer le moulin j'ai tenu compte des fig 1-2-8-18 qui montrent des meurtrières, l'absence de crénelage et de pignon droit. La charpente assez complexe a des pentes tout autour de l'édifice et pas de gouttières. La hauteur est difficile à évaluer : sur les fig 1 et 18 le moulin est plus haut que la courtine, sur la fig 8 il est proportionnellement assez haut par rapport au diamètre de ses tours. J'évalue la hauteur des murs à 16 m, sans certitude, le rayon des tours à 4,30 m.
Je n'ai pas représenté ce qui a pu être une tourelle escalier, de plan circulaire, à la jonction du moulin et de la courtine menant à la tour 4. Cet appendice, visible sur les fig 9 et 10 et peut-être fig 1 et 12 (plan polygonal), n'est pas représenté sur les autres documents.



vue à partir du passage clouté devant le marchand de journaux (vue 60) 


vue 66


fig 18


vue 30


fig 17


fig 8  - 1745