¤¤¤
En 2005, malgré des heures de réflexion, je n'étais
pas parvenu à une conclusion certaine et j'avais fait l'hypothèse
que le niveau moyen de la haute cour était à NGF 136,65 m
soit un mètre au dessus du seuil du châtelet actuel, 48 cm
sous le seuil de la mairie, 3,85 m au dessus de la lice (espace compris
entre l'enceinte extérieure ou braie et l'enceinte principale),
elle même pratiquement au niveau de l'eau dans les douves.
La haute cour devait être
plus haute que la basse-cour puisqu'accessible par une "rampe" longeant
la chemise du donjon (fig. 15). Sur ce dessin de De Cessart, la différence
de niveau est de 6,50 m , ce qui est considérable et absolument
incompatible avec l'épaisseur du mur d'enceinte principal observé
en fouille près de la mairie. Il aurait eu à retenir plus
de 9 m de remblais ! Le monticule à droite sur la fig. 15 est probablement
un tas de gravats résultant de démolitions. Il n'indique
certainement pas le niveau moyen de la haute cour.
Le projet de promenade (fig17)
est difficile à interpréter : j'y verrais bien 2 escaliers
pour descendre de la haute cour à la lice avec une différence
de niveau de 1 à 2 m. Or le niveau ancien de la lice est connu par
ma fouille en 1990 : NGF 132,80 m près de la mairie, bien plus bas
que 1 à 2 m. Mais il est possible que la lice et le fossé
avaient déjà été largement remblayés
par les gravats de démolition dès avant la conception du
projet en1776.
La perspective de 1637 (fig.
1) montre que le mur principal d'enceinte, créneaux compris, montait
presque jusqu'au niveau de la sablière de la chapelle. Celle-ci
semble être assez imposante et élancée avec galerie
intérieure, d'un type proche de celle d'Essai, ce qui suppose un
mur au moins haut de 8-9 m par rapport à la haute cour. Si j'ajoute
ces 8 m aux 3,85 m observés en fouille on obtient une muraille principale
haute de 11,85 m créneaux compris, ce qui est vraisemblable.
Mais ce niveau à l'intérieur
de la haute cour a pu évoluer dans le temps car lors de la fouille
de 1990, dans l'angle de la mairie, j'ai observé un mur (Mu1) associé
à une probable couche d'occupation située très bas,
à NGF 133,50. La couche était apparemment entaillée
par la tranchée de fondation de la dernière reconstruction
du rempart principal. Le sol a pu être rehaussé à cette
occasion ; le rez-de-chaussée du logis, tout proche, devenant une
cave citée en archives. Il a alors fallu créer une rampe
d'accès à la haute cour, rampe qui n'a pas toujours existé
si l'on en juge aux deux portes ogivales murées sur la chemise
du donjon. La rampe leur arrive à mi hauteur (fig15).
Cette hypothèse d'un
important remblai pouvant atteindre 3 m d'épaisseur, déposé
assez vite lors d'une phase de construction cadrerait assez bien avec l'absence
de toute découverte lors du creusement de la puissante fondation
des deux récentes tours rectangulaires escalier de la mairie. Le
sol de la haute cour avait été creusé sur plusieurs
dizaines de mètres carrés, jusqu'à plus de 2,50 m
de profondeur sans aucune surveillance archéologique dans un lieu
pourtant sensible (Le conservateur des antiquités que j'avais alors
appelé, m'avait certifié ne pas avoir été averti
du début effectif des travaux ! C'est là l'inconvénient
d'un département qui n'héberge aucun archéologue professionnel.
Pareille chose est impensable au château de Caen). J'avais dû
me risquer à descendre dans les trous pour observer les stratigraphies
qui ne montraient, de bas en haut, qu'une unique couche de remblai de pierraille
peu tassée et inorganisée, sans poterie ni couche d'occupation.
Le dernier sol de la cour, proche de la surface actuelle, devait être
détruit ; les niveaux les plus anciens doivent encore être
dessous aux environs de 3,20 m de profondeur ?
Cette observation ancienne
corrobore mon observation des tranchées de 2017.
Le niveau de la dernière
haute cour était-il régulier? Difficile de le deviner : la
fig. 18 ne montre aucun relief alors que sur la fig. 2 (1746), l'espace
est cloisonné par plusieurs murets qui peuvent être autant
de limites de terrasses. Par simplification et faute d'informations fiables,
en 2005 j'avais choisi de restituer une haute cour plate à NGF 136,65
m. Si j'avais à la refaire en 2017, je la placerais environ 1 m
plus haut.
Mais la réalité
devait être plus complexe et a forcément évolué
en 5 siècles d'occupation.