Thierry CHURIN - Le château d'Alençon vers 1440
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La tour couronnée

vue 73 à partir des
promenade









 


Gargouilles sur la tour Couronnée


 
vue 41 - dans la basse cour. 
Dans l'incertitude sur l'ancienneté de 
ce qu'on peut voir par exemple sur la fig 6, je n'ai pas restitué de bâtiment entre la tour à droite etle châtelet à gauche.

fig 1- 1er ou 2ème dessin ?
en 1637


fig 3 - la tour avec encore ses 2 cheminées


fig 7 (1742)


Fig 16 (1774) Élévation et 
plan. A comparer à la fig 7.


vue 32 - dans la Briante
s'écoulant vers la porte de la Barre.
 

vue 74 - le sommet de la tour et ses 2 cheminées.
Pour des raisons de tirage, elles devaient avoir la même hauteur (?). 
Le cône de la toiture devait au moins arriver au même niveau.

L'ermite de la tour

"En 1725 mourut en odeur de sainteté soeur Catherine de Vire :
c'était une fille qui avait voulu entrer chez les filles de l'Avé-Maria [soeurs clarisses, monastère à la rêgle de vie très dure]. Elles ne voulurent point la recevoir parce qu'elle avait été domestique [dans une auberge, ce qui, à l'époque , supposait des moeurs plutôt libres]. Cette fille avait tant de vocation pour cet état qu'elle se fit faire un habit comme les filles de Ste Claire, et suivait leur règle. Je l'ai vue demeurer dans la Tour Couronnée... Elle vivait de aumônes que des personnes pieuses lui faisaient porter. On posait ce qu'on lui envoyait à la porte de la tour et, quand les personnes étaient retirées, elle allait le ramasser. 
Elle a vécu fort longtemps dans cette tour. [De ses fenêtres elle pouvait voir le monastère et entendre les cloches annonçant les heures des prières]. On voulut faire un magasin à poudre. On le mit dans la Tour Couronnée. On lui loua une chambre dans l'Air-Haut, où elle est morte. Son corps fut exposé dans son habit religieux, dans la rue du Château, où chacun coupait des morceaux de son habit pour en faire des reliques. Elle fut inhumée dans le cimetière de Saint-Léonard, proche de la croix (anonyme (Le Queu) 1933, p. 181-182).
La tour couronnée (h. 26 m, diam. 12 m), avec une 
poterne (porte) latérale ouvrant sur le parc

Cette belle tour a probablement été construite par Jean Ier entre 1404 et 1410 en même temps que le pavillon d'entrée. Le style des mâchicoulis, l'appareillage des murs et les marques de tâcherons sont souvent les mêmes. C'est probablement pour mieux défendre la poterne qu'elle a été conçue avec deux niveaux de créneaux.  
Elle est parfaitement conservée à l'exception de la toiture qui a brûlé pour la dernière fois dans les années 1960. 
A l'origine, elle était plus haute et plus pointue. Même si aucun document ne le prouve, son sommet devait être décoré par un fleuron. 
Sur la première couronne, les murs ne portent pas de traces d'ancrages de hourds ou de charpente . 
En 2010, elle  n'abritait plus de détenus depuis longtemps mais seulement des stockages pour l'établissement pénitentiaire.

"La tour couronnée présente un plan intérieur hexagonal et six niveaux d’habitation, desservis par deux vis successives. Sous les marches de la seconde, le chapiteau du noyau est traité sobrement, sans motif floral ni historié. Chaque niveau est couvert d’un plafond porté par un corbeau continu, hors la salle du troisième étage, voûtée d’ogives retombant sur des culots traités de même en pyramides inversées. Les quatre premiers niveaux sont pourvus de latrines. Le dernier niveau, de diamètre inférieur (10 m), destiné à abriter le poste de guet, surmonte le chemin de ronde, à l’instar de ces tours bâties à la fin du XIV è S. et au XV è S., à Blandy-les-Tours, Langeais, Pierrefonds, Machecoul, La Hunaudaye (Plédéliac) ou dans les châteaux neufs représentés en 1404-1416 dans les Très riches heures du duc de Berry.  Quoique d’un  module inférieur, la tour reprend en partie les aménagements intérieurs de la tour dite Mélusine du château de Fougères, en possession de Jean Ier puis de Jean II, attribuée à la fin du XIII ème ou 
au début du XIV ème S.
La tour couronnée a pu être la garde robe jusque vers 1433 :
un certificat de 1433 évoquait encore l’existence d’une tour ronde ou soulloit estre la garde robbe, taillanderie et pelleterie de monseigneur le duc, nagueres dud. Lieu d’Alençon(B.N.F., Fr 26 057, n° 2170. 1433, 24 oct.).
Cette tour ronde, servant à stocker de vieux merrains en 1433, ne pouvait plus servir de garde-robe. Sa couverture est restaurée cette année là, avec les tuiles déposées aux halles de la ville. Toutes les tours non quadrangulaires représentées par Le Queu et De Cessart, exceptée la tour dite couronnée, suivent davantage un plan en fer à cheval (même la tour flanquant le châtelet d’entrée au nord-est). De plus elles étaient ouvertes à la gorge, destinées à servir au premier chef de tour de flanquement. La tour dite couronnée est la plus susceptible d’avoir pu assurer la fonction de garde-robe ; sans autre preuve clairement administrée" (I. Chave, 1998, p. 126).

Jusqu'en 1725, la tour est habitée par une ermite (voir ci dessous à gauche).
A partir de 1781, la tour sert de prison en remplacement du donjon (Anonyme (Le Queu), 1933 p. 181).


Courtine reliant la tour couronnée 
au châtelet

fig 13 (1776) Vue à partir de la rue du Château. Sur ce document pâle dont la reproduction est médiocre, les cheminées ont la même hauteur, ce qui n'est pas le cas sur les autres gravures. 
Depuis 1776 la courtine a été reconstruite sur sa moitié haute, si bien qu'il n'y a plus 3 fenêtres mais 2 (les blocs d'encadrement ont pu être récupérés pour la reconstruction des nouvelles). Les mâchicoulis ont aussi disparu mais on voit encore l'amorce de leur ancrage sur le châtelet et la tour Couronnée.
Le mur ancien est intact au moins jusqu'au sommet des 3 meurtrières basses qui sont conservées.



vue 12, sous un angle de vue proche de la fig 13. Les mâchicoulis de la couronne basse n'ont pas été restitués.

fig 12 (1776). A droite, remarquer les différences entre ce plan et la fig 2 concernant les bâtiments accolés à la courtine reliant la tour au châtelet d'entrée. Il est probable qu'ils ont été reconstruits entre 1746 et 1776.
Dans l'incertitude j'ai choisi de ne pas les figurer.
Le rempart est percé de trois archères que les détenus pouvaient encore observer en allant en promenade.
La partie basse de ce mur est construite en lits alternés de gros blocs de granite et de blocage d'arkose.
Sur la fig 7, on peut voir que la tour 11 est construite avec le même appareillage, ce qui lui conférerait la même datation.

fig 6


Fig 15 (1776) dessin très proche de la fig 6, avec cependant de nombreuses petites différences dues aux erreurs des dessinateurs. Les positions des cheminées, par exemple, ne sont pas compatibles.

Fig 14 (1776) A gauche, le châtelet ; à droite, le parc. Coupe en travers de la basse cour, de la chambre de la herse et du pont de la Poterne. 
A cause de la pâleur de la reproduction, il est difficile de comprendre les détails de la chambre de la herse qui est encore conservée.



fig 25 : clichés de L. Eschbaecher - août 1934
 
 

fig 0 - C'est peut-être le premier dessin de
la Tour Couronnée ?
Le tracé des fenêtres et les décors sont 
assurément fantaisistes car il n'en reste aucune trace sur les murs actuels, pas plus que l'on ne retrouve de trous d'ancrage du petit ourdis de droite.
(Loyset Liédet, vers 1460-1490)


Coupe de la tour Couronnée (J.F. Lagneau 1992, repris par I. Chave, 2003, p. 124 qui reproduit aussi des photos et des plans de chaque étage)
vue 67

fig 2 - plan en 1746
voir la page sur le pont de la Poterne

lire la légende de Marie Anson
 

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