Thierry CHURIN - Le château d'Alençon vers 1440
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Le donjon
Description d'ensemble et côté place Foch

Le donjon vu par un observateur situé sur le toit de la mairie (image Marc CHURIN 2005)



fig. 2
voir l'animation vidéo autour
du donjon


fig. 17                                            fig. 19 Boesnier -sommet


fig. 5

vue 67


vue 25


fig. 9


fig. 10
 
 
 

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du donjon
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voir la fonction du donjon dans les textes, et des récits de la vie à l'intérieur
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mes choix de restitution
 
 
 

Choix de restitution des ouvertures
côté châtelet


 
Sources : figs 1-5-9-10.
Les trois documents concordent à peu près pour ne présenter que trois ouvertures sur cette face : une fenêtre à meneau en haut à droite ; une deuxième plus bas (avec meneau sur la fig. 5, plus étroite sur les autres dessins); la troisième est probablement l'aération du cellier.


fig. 1

Description
C'est un donjon rectangulaire tout ce qu'il y a de plus habituel au XIIème s. dans tout le royaume Plantagenet, dans la région : Chambois (encore entier), Domfront (en partie conservé), Exmes (restent les fondations)...
La tour, à laquelle on accédait seulement par le "premier étage"(fig 8), était entourée par un mur d'enceinte moins élevé : la chemise.
Les tourelles et mâchicoulis du sommet 
ont seulement été ajoutés vers 1380.

Hauteurs calculées du fond du fossé ancien :
- jusqu'au seuil de l'entrée : 15,30 m
- jusqu'à la terrasse sommitale : 37,50 m
- jusqu'à la pointe des tourelles : 45,70 m
- jusqu'au sommet des cheminées : 47,60 m

L’édifice médiéval comportait six niveaux : niveau de fondation, voûté en plein cintre et sans porte sur l'extérieur, puis rez de chaussée [dont l’entrée devait se trouver au niveau du sommet des colonnes du palais de justice actuel], et quatre étages au dessus, tous couverts d’un plancher sans voûtes, reposant à chaque niveau sur un unique mur de refends qui accueillait les foyers et les conduits des cheminées 
(I. Chave, 1998, p110).


Escaliers intérieurs

L’aménagement de la circulation verticale dans la tour est connu par des plans de Boesnier (figs 19) et par le plan géométral de Le Queu (fig. 5) : un escalier droit inframural, éclairé par des jours pratiqués dans le mur côté mairie, prenait son départ au rez-de-chaussée dans l’angle le plus proche du pont des Promenades. Il donnait accès aux deux premiers étages. Puis une vis  de 114 marches, ménagée dans l'axe du mur côté place Foch desservait les deux étages supérieurs et le couronnement (I. Chave, 1998, p. 111). Elle était éclairée par une série de petites fenêtres sensiblement superposées (fig. 9...).  
Le plan de Le Queu (fig. 5) représente, par accumulation, quatre portes percées dans les parois de la vis ; celle dirigée vers la place Foch donnait sur le couronnement par une petite tourelle 
(voir description du sommet).

La descente du rez de chaussée vers la cave réserve n'est pas connue. C'était souvent une simple échelle amovible pour le cas où le bas aurait été conquis par un ennemi venu en sape. Les provisions pouvaient être descendues par un treuil. La fig. 19-1 montre un escalier en pierre qui 
peut être très récent.

Avant la construction du logis et du châtelet d'entrée, le rez de chaussée était certainement le centre du pouvoir, lieu de réception et de justice.
Le donjon abritait encore sous l’occupation anglaise un certain nombre de chambres et un espace de convivialité, la salle du danjon. En 1438 et 1439, les archives la situent manifestement au dernier niveau 
(voir page décrivant le sommet). 
La salle disposait des installations de confort de l’édifice : un four, propre au donjon, mentionné en 1439 (A.N., KK 1338, n° 96. 1439, 22 nov.); un puits, représenté sur le plan géométral de Le Queu (repère D). Sa localisation, au rez-de-chaussée, sous la rampe de l’escalier inframural, est confirmée par les plans du rez-de-chaussée et des trois premiers étages du donjon, donnés par l’ingénieur Boesnier, en décembre 1780. Le dernier étage est celui des deux grandes baies à meneau, mais aussi de deux bassins ménagés dans les murs sud-ouest et nord-est, absents des plans des étages inférieurs par Boesnier 
(I. Chave, 1998, p. 127). 

En élévation, les traces de remaniements successifs de l’édifice sont détaillées par le dessin à la plume de de Cessart (fig. 15): un même appareil en arête-de-poisson caractérisait les maçonneries de la chemise [petite enceinte entourant le donjon] et les deux premiers niveaux de la tour (niveau de fondation et rez de chaussée), incluant la porte d’accès et la fenêtre ogivale de droite ; il correspondrait à l’édifice de pierre primitif du XIIème s. [je l'ai représenté en marron sur ma reconstitution (vue 25 ou 56)], contrastant avec l’appareil de moellons équarris à assises régulières des niveaux supérieurs et avec les contreforts plats des faces et des angles, uniformément édifiés dans un bel appareil régulier (en gris). Tous les contreforts de la tour montaient de fonds, comme le montrent cinq plans de l’ingénieur Boesnier datés 1780 (figs 19-1 à 5).
La rampe d’accès au rez-de-chaussée est donc postérieure à leur édification. De quand faut-il dater ces renforcements proprement défensifs (reprise des maçonneries, placage des contreforts, ajout d’une rampe)? De la fin du XII ème S., où le contexte politique et militaire, lié à l’occupation des Plantagenet, pourrait les justifier (Stapleton Thomas, 1840-1844. Aucune campagne de travaux n’a lieu au château d’Alençon aux années 1180,1195, 1198 et 1202-1203) ou bien de l’année 1252 seulement, où un compte du bailli signale la réfection totale de la turris castri de Alencio ? (A.N., J 780, n° 1. 1252, terme de la Saint-Michel : compte rendu par Robert de Ponthieu. Pro turri castri de Alencio refecta de novo et pro aliis operibus ibidem, 27 £.) ( I. Chave, 1998, p. 111-112).

L’évolution des percements aux différents niveaux coïncide avec le changement d’appareillage : seuls la chemise et le rez-de-chaussée de la tour présentaient ces baies aux voussoirs et jambages appareillés en claveaux passants un-sur-deux (sur la chemise : porte piétonne, à droite sur la fig. 15, et départ de l’arc cintré d’une porte charretière, sans doute, visible plus à gauche seulement sur le document d'origine. Je n'ai pas reconstitué cette dernière porte). Les ouvertures rectangulaires des étages supérieurs sont bien différentes  (simples jours des trois étages intermédiaires, fenêtre à meneau du quatrième et dernier étage [le sixième]). 
On notera l’obstruction des 2 portes de la chemise dont on vient de parler, ouvrant au pied de l’entrée de la tour, au profit d’un accès latéral  à la porte du rez-de-chaussée (non reconstitué, côté mairie, à droite sur les fig. 2 et 17). Cette entrée plus tardive donnait sur une rampe droite maçonnée, épaulée par un mur transversal appuyé au parement intérieur de la chemise, dont le dessin de De Cessart mentionne l’arase, attesté en plan sur le lavis de Le Queu en 1746 (fig. 2). La position de l'escalier sur ma reconstitution n'est qu'une hypothèse discutable (voir l'analyse de la vue56, ci contre à droite).

fig. 8


fig. 15


fig. 6
 
 

Hypothèse de restitution d'une rampe d'escalier menant au rez de chaussée (vue 56). Il est possible que ce premier escalier ait été en bois avec un plan différent. La porte voûtée dans la chemise est juste à gauche dans l'ombre.
Il est possible qu'après le colmatage de cette porte (et remplacement par une porte donnant directement dans la haute cour - fig 17) l'escalier ait été (re)construit contre le mur de la chemise à gauche.
En tout cas l'accès à la porte d'entrée (haute) était précédée par un petit pont levis.

 
 
 
 
 

Choix de restitution des ouvertures
côté place Foch


 
sources : figs 5-8-9-10-15. La fig 19 montre aussi des fenêtres récentes difficiles à distinguer des anciens percements. Certains éléments concordent : la fenêtre à meneau en haut à droite, les deux meurtrières de droite, plus ou moins larges mais dans la même position pour éclairer l'escalier droit. La fenêtre ogivale du bas n'est curieusement représentée que sur les figs 6-15 et 19.
Les petites fenêtres à gauche du contrefort axial devaient éclairer l'escalier à vis. Elles sont tracées sur tous les dessins. Je choisis de respecter la fig. 15 pour leur taille et nombre. Je fais celle du haut un peu plus large pour respecter les figs 9 et 10.
Sur les figs 8-9-10, une fenêtre supplémentaire apparaît à gauche des petites. Elle a probablement été murée avant que De Cessart ne dessine la fig. 15 ; je ne la reproduis pas.
Je n'oublie pas de placer la petite aération du cellier, en bas du contrefort. Elle est visible sur les figs 15 et 19-1 (une par face du donjon).
 
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